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Références :

Extrait de (4) :

"Le besoin d'une communication autre que celle qui existait à l'aide de simples batelets entre le faubourg Saint-Antoine et le quartier du Jardin-des-Plantes se faisait déjà sentir dans le courant du siècle dernier.

Nous avons retrouvé dans nos archives quelques pièces d'un projet de pont en bois rédigé par le célèbre Perronet pour cette localité et portant la date du 15 avril 1773. Ce pont devait avoir 112 toises d'une culée à l'autre et 24 pieds de largeur. Il devait être composé de deux culées en maçonnerie de six palées en charpente et de sept travées de 90 pieds de largeur chacune. La dépense était évaluée à 359 995 livres 2 sous 11 deniers.

Ce projet étant resté sans exécution, M. le comte de Buffon, alors directeur du jardin des Plantes, chercha dix ans plus tard (en 1783) à faire substituer deux bacs aux simples batelets qui servaient à transporter les piétons d'une rive à l'autre.

En 1788, un sieur Guerne, maître-charpentier de la ville de Paris, présenta un projet de pont en charpente dont la dépense, évaluée à 1 477 455 livres, devait être couverte à l'aide d'une concession de péage.

La Révolution mit à néant tous ces projets et le XVIIIème siècle prit fin sans qu'il eût été apporté aucun changement à l'état des communications entre les deux rives de cette partie de la Seine.

Aussitôt que l'ordre fut rétabli, la question fut reprise, et une loi du 24 ventôse an IX (15 Mars 1801) ordonna la construction de trois nouveaux ponts à Paris et autorisa le gouvernement à concéder la jouissance d'un droit de péage à la compagnie qui consentirait à fournir les fonds nécessaires à leur construction.

Ces trois ponts devaient être établis, le premier entre le jardin des Plantes et l'Arsenal, le second entre l'île de la Cité et l'île Saint-Louis, le Pont St-Louis metallique - Paris , et le troisième destiné à livrer simplement passage aux piétons entre le palais du Louvre et celui des Quatre-Nations, le Pont des arts - Paris .

Le premier de ces ponts est celui dont il s'agit ici. Il a reçu le nom d'Austerlitz en souvenir de la grande victoire remportée le 2 décembre 1805 sur les armées russe et autrichienne.

Il a été terminé cette même année.

Suivant le projet primitif qui avait servi de base à la concession, les arches devaient être en bois, mais le gouvernement proposa à la compagnie qui venait de se former pour fournir les fonds de les construire en fonte et de lui tenir compte de l'augmentation de dépense qui résulterait de ce changement en prolongeant sa jouissance à raison d'une année pour chaque somme de 40 000 francs qui serait dépensée au delà de l'évaluation primitive qui était d'un million pour l'ensemble des trois ponts, chiffre sur lequel la compagnie s'était constituée.

Cette modification aux dispositions de la loi du 24 ventôse an IX a été sanctionnée non pas par une loi nouvelle, mais par un simple arrêté des Consuls du 4 thermidor an X (25 juillet 1802), ce qui a donné lieu, ainsi que nous l'expliquerons plus loin, à l'action intentée contre la compagnie touchant l'illégalité de la perception du droit de péage au delà du terme fixé par le contrat primitif.

Le pont a été alors composé de cinq arches en fonte et en arc de cercle de 32,36m d'ouverture et de 3,25m de flèche reposant sur des piles et culées en maçonnerie.

La largeur du passage entre les garde-corps était de 12,74m dont 8,50m réservés pour le passage des voitures et 2,12m pour chaque trottoir.

Chaque arche était composée de sept fermes distantes entre elles de 2 mètres de milieu en milieu, chaque ferme comprenant vingt et un voussoirs de 1,60m de largeur, 1,30m de hauteur, 0,07m d'épaisseur, chaque voussoir étant formé de trois arcs' concentriques et de montants normaux à ces arcs.

Les tympans étaient remplis par des châssis en fonte composés de deux arcs concentriques et de montants normaux à ces deux arcs de même dimension que ceux des voussoirs et reposant sur ces derniers.

Les fermes étaient reliées entre elles par des entretoises de 1,95m de longueur disposées perpendiculairement au plan de chaque ferme et sur chaque joint, l'une répondant à l'axe supérieur et l'autre à l'axe inférieur des voussoirs.

Le poids des pièces de fonte entrant dans chaque arche était de 173 000 kilogrammes.

Les piles en pierre ne s'élevaient que jusqu'à la naissance des arches. Elles étaient fondées ainsi que les culées sur des pilotis et plates-formes en charpente.

Le plancher destiné à recevoir la chaussée et les trottoirs était en charpente et formé de pièces de pont posées transversalement sur les Termes, et de madriers jointifs.

L'écartement des pièces était maintenu par des écharpes en fer forgé placées en croix de Saint-André. Le plancher portait une chaussée en cailloutis et des trottoirs en dalles bordés par une balustrade en fer forgé.

Les travaux ont été exécutés sous la direction de M. Becquey-Beaupré , ingénieur en chef du département de la Seine, et de Corneille Lamandé , ingénieur ordinaire, qui, peu de temps après, construisit le pont de Iéna, et qui est mort inspecteur général des ponts et chaussées en 1837.

Nous avons trouvé dans nos archives un document qui nous a fait connaître le chiffre de la dépense du pont d'Austerlitz. C'est l'ordonnance royale du 25 août 1814, sur laquelle nous entrerons dans plus de détails à l'article suivant. Cette ordonnance a fixé définitivement le montant de la dépense de construction des trois ponts concédés par la loi du 24 ventôse an IX et a homologué, pour celui d'Austerlitz, le chiffre de 2 479 427,25 Fr, chiffre qui doit paraître exorbitant, puisqu'il fait ressortir le prix du mètre carré à 1 120 francs (*), presque double de celui des ponts que l'on construit aujourd'hui; mais il ne faut pas perdre de vue que ce pont a été le premier pont en métal construit à Paris.

Le droit de péage perçu jusqu'à la révolution de 1848 au profit de la compagnie concessionnaire subsisterait encore aujourd'hui pour un terme de plus de trente ans, si le rachat n'avait pas été opéré par la ville de Paris pour ce pont comme pour ceux des Arts et de la Cité concédés à la même compagnie.

En parlant du pont des Arts, nous allons faire connaître dans quelles circonstances ce traité est intervenu et les conditions qu'il renferme.

Le pont d'Austerlitz a subsisté avec ses arches en fonte près d'un demi-siècle (de 1805 à 1854) • Nous parlerons plus loin de la transformation qu'il a subie à cette époque.

(*)      Longueur du pont entre les culées .                        173,80m

          Largeur entre les garde-corps                                  12,74m

          Surface 173.80 x 1274. =                                         2214,21

          Prix du mètre carré (2 479 427,25/2214,21)           1120 Fr."