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Pont du Carrousel ou des Saints-Pères - Paris 

Pont du Carrousel ou des Saints-Pères - Paris - 1834

Fleuve franchi : la Seine, département : Paris, à proximité : Paris, situé Pont du Carrousel
Type d'ouvrage : Pont fixe metallique
Destruction de l'ouvrage : 1936
Architecte(s) : Antoine Rémi Polonceau ,Compagnie(s) : Sieur de Rangot .
Longueur totale : 151m , Nombre d'arches/travées : 3, Plus grande portée : 47.7m
Décret, le : 11/10/1831 - Ouverture au public : 1/11/1834 - Durée concession : 34 ans 10 mois - Coût de construction : 830000 Fr
Version du texte : V1.6, Niveau de fiabilité : fort

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Références :

1 - Dictionnaire de l'industrie manufacturière, commerciale et agricole - Alexandre Baudrimont par J.B Baillière, Tome 9 - 1840 - p106.
2 - Description de plusieurs perfectionnements exécutés au Pont de Carrousel - 1845 - M. Polonceau - p23.
3 - Paris Illustré - 1863 - A. Joanne par Hachette et Cie à Paris - p104.
4 - L'ami de la Religion à Paris, Tome 82 - 1834 - p13.
5 - Annales des Ponts et Chaussées - 4ème série - Mémoires et Documents, Tome 8 - 1864 - p179-182.
6 - Bulletin des lois - 1831 du 11/10/1831
7 - Statistique de la France - 1855 - Ministère de l'Agriculture par Imprimerie Impériale à Paris - p59.

Un pont qui démontre l'intelligence et l'efficacité des ponts en fonte du système Polonceau

Après une première expérience particulièrement réussie à Maisons sur Seine dans l'établissement d'un premier pont en fonte, M. Polonceau s'engage dans une réalisation à la fois plus ambitieuse et surtout plus exposée --> un pont sur la Seine en plein centre de Paris !
Le pont du Carrousel a une ouverture totale de 151 mètres. Il se compose de trois arches égales de 47m,66. L'épaisseur des piles est de 4 m. Au-dessus en naissances, cette épaisseur est de 3 m. Les conditions de son adjudication étaient qu'il n'y aurait que 2 piles en rivière; que sa largeur serait de 12 m, et que l'on ne relèverait pas les quais aux abords; c'est ce qui a obligé à donner cette courbure, qu'on aurait si facilement évitée. ... Sur les piles et les culées, à 5 mètres environ au-dessus de l'étiage, et au-dessus de la ligne des hautes eaux, s'appuient, par l'intermédiaire de coussinets en fonte, les arcs composés de segments en fonte avec âme en bois. Les segments sont de forme elliptique pour offrir une résistance verticale.

Les bénéfices de la technique de M. Polonceau

La comparaison des différents systèmes entre eux est tout-à- fait en faveur des ponts en fonte. En effet, on peut comparer leur durée à celle des ponts en maçonnerie, et leur dépense est moitié moindre. Ainsi, par exemple, en comparant deux ponts de dimensions analogues, nous trouverons que le pont du Carrousel a coûté 830,000 Fr et le pont d'Iéna 2,600,000 Fr sans les abords; ainsi, la première dépense est les deux tiers de la seconde, et si l'on avait fait en fonte et en fer le plancher du pont du Carrousel, ses réparations seraient presque nulles, et la dépense aurait encore été les trois cinquièmes de celle du pont d'Iéna. Si on les compare aux ponts en charpente avec piles en maçonnerie, on verra qu'ils coûtent environ le double; mais, qu'on se rappelle que la dépense annuelle d'un pont en charpente peut être considérée comme étant égale à un dixième du capital d'établissement, et qu'au bout de vingt à trente ans il faut le reconstruire, tandis que la dépense d'entretien d'un pont en fonte est inappréciable, et que sa durée dépasse cent ans.

Par les nouveaux principes qu'il établit dans l'usage de la fonte pour ce type d'ouvrages, M. Polonceau apporta de réelles innovations. Son système séduit d'autres architectes pour son efficacité, et l'on compte les ponts suivants, qui directement s'inspirèrent du "système Polonceau" :

Ouvrages influencés par la technique de M. Polonceau, établie au pont de Maisons-Laffite

La construction de ce pont a été relatée dans un ouvrage de Antoine Rémi Polonceau, sur les "Nouveaux systèmes de ponts en fonte", avec notamment la description, dans tous ses détails, de la construction du Pont du Carrousel, suivie de quelques exemples comparés de divers projets.

Détails de la construction du pont - Extrait de (5)

"Ce pont a été l'objet d'une concession faite en 1831. Lorsqu'il a été question de l'établir, l'administration n'était pas complètement fixée sur le système à adopter, et par ce motif elle avait fait dresser le cahier des charges qui devait servir de base à la concession dans la double hypothèse de la construction d'un pont fixe et d'un pont suspendu. L'article 2 de ce cahier avait fixé à quarante ans, à partir du 1er janvier 1833, le maximum de la jouissance dans le premier cas, et à vingt-six ans dans le second.

L'adjudication a été passée le 12 juillet 1831 au profit d'un sieur Colin, qui n'avait demandé qu'une jouissance de vingt-quatre ans pour se couvrir des frais de construction d'un pont suspendu; mais aux termes de l'article 14 du cahier des charges, cette adjudication ne devait être définitive qu'après avoir été homologuée par une ordonnance royale. Non-seulement elle ne l'a pas été, mais une ordonnance du 11 octobre 1831 a annulé ladite adjudication, et a déclaré concessionnaire une compagnie qui avait pris part à l'adjudication du 12 juillet en soumissionnant la construction d'un pont fixe, et en demandant une jouissance de trente-quatre ans et dix mois.

Le projet présenté par cette compagnie, et adopté par l'administration, a été rédigé par un des membres les plus distingués du corps des ponts et chaussées, M. l'inspecteur divisionnaire Polonceau, qui a été également chargé de la direction des travaux, et qui a appliqué, pour la première fois, dans la confection des arcs métalliques formant les travées un système dont il est l'inventeur, et qui a conservé son nom.

Ce pont est composé de trois arches en arc de cercle de 47 mètres d'ouverture chacune, surbaissées ail dixième, reposant sur des piles et culées en maçonnerie, fondées sur des massifs de béton coulé dans des enceintes de pieux et palplanches entourées d'enrochements.

Les piles ont quatre mètres d'épaisseur et montent jusque sous le plancher. Les culées sont appuyées contre les anciens murs de quai. Les fermes des arches sont composées d'arcs en bois recouverts par des plaques de fonte. Ces arcs dont la coupe transversale affecte sensiblement la forme d'une ellipse de 0,6m de grand axe sur 0,32m de petit axe, sont formés de onze épaisseurs de plats-bords en sapin de 0,055m chacun, collés les uns sur les autres avec du bitume, solidement reliés par des plaques moisantes en fonte de 0,037m d'épaisseur boulonnées haut et bas.

Ces plaques sont scellées par leurs extrémités sur les piles et culées; leur hauteur uniforme est de 0,89m; le vide entre le bois et la fonte est rempli par du bitume.

L'intervalle entre les arcs et les longerons qui supportent le plancher est rempli par des cercles en fonte qui vont en décroissant depuis la pile jusque vers le milieu de l'arc. Chaque arche est composée de cinq fermes semblables, espacées entre elles de 2,80m d'axe en axe, solidement reliées et contreventées.

Le plancher est composé de deux couches de madriers en chêne recouverts par une chaussée en empierrement, les trottoirs en bitume sont bordés sur chaque tête par une balustrade en fonte formant garde-corps.

La largeur entre ces garde-corps est de 12 mètres, dont 5 mètres réservés pour la chaussée et 7 mètres pour les trottoirs.

Les travaux commencés en novembre 1831 n'ont été terminés qu'en octobre 1834. Les épreuves de résistance qui consistaient, comme pour les ponts suspendus, dans une charge permanente uniformément répartie de 200 kil. par mètre carré, ayant bien réussi, la circulation a été autorisée à partir du 1er novembre 1834.

Ce pont est décoré à ses extrémités par quatre statues colossales, qui n'ont été placées qu'en 1847. Elles sont dues au ciseau de M. Petetot, membre de l'Institut, et représentent la Seine, la ville de Paris, l'Industrie et l'Abondance.

Elles reposent sur des piédestaux en fonte dans lesquels avaient été ménagés les bureaux des receveurs préposés à la perception de la taxe.

La dépense de cette décoration était une des charges de la concession; elle a été couverte à l'aide d'une somme de 80 000 francs que la compagnie était, aux termes de son cahier des charges, tenue de verser dans la caisse de l'état.

Nous n'avons pas de renseignements sur la dépense à laquelle la construction de ce pont a donné lieu. Toutefois il paraîtrait résulter des communications faites par la compagnie à la commission qui a été chargée en 1849 d'étudier la question du rachat de la concession que cette dépense aurait atteint le chiffre d'un million. Les mêmes communications ont fait connaître que le produit du péage a varié de 11440 Fr francs à 154 562 Fr dans l'intervalle qui s'est écoulé de 1838 à 1847.

La durée de la concession ayant été fixée à trente-quatre ans et dix mois, à partir du 1" janvier 1833, devait prendre fin le 1er novembre 1867.

Bien que la perception du péage n'eût été interrompue que pendant quelques jours, lors de la révolution de 1848, et facilement rétablie ensuite, l'administration a compris lepont du Carrousel au nombre de ceux qui seraient rachetés.

En conséquence, par un traité en date du 28 décembre 1849, approuvé par un décret du 14 février suivant, la ville de Paris a racheté la concession moyennant une annuité de 100 000 Fr, dont la compagnie jouira jusqu'au 1er novembre 1867.

Par suite de ce rachat le passage est devenu gratuit à partir du 1" mars 185o, et le pont est passé à l'entretien de l'état."