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Pont de la Concorde - Paris 

Pont de la Concorde - Paris - 1792

Fleuve franchi : la Seine, département : Paris, à proximité : Paris, situé Pont de la Concorde
Type d'ouvrage : Pont à tablier en fonte
Ouvrage toujours en place (2004)
Architecte(s) : Jean-Rodolphe Perronet ,.
Longueur totale : 127m , Nombre d'arches/travées : 5, Plus grande portée : 31.2m
Décret, le : 27/2/1787 - Coût de construction : 3050000 Fr
Version du texte : V1.7, Niveau de fiabilité : forte

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Références :

1 - Etudes Historiques sur l’administration des voies publiques en France aux dix-septième et dix-huitième siècles - 1862 - JM Vignon par Dunod Editeur à Paris - p189.
2 - Bulletin des lois - 1787 du 27/2/1787
3 - Les Ponts Modernes - 18EME-19EME siècles - 1990 - Bernard Marrey par Picard
4 - Traité de la construction des ponts - M. Gauthey (1732-1807) par M. Navier - p98.
5 - Annales des Ponts et Chaussées - 4ème série - Mémoires et Documents, Tome 8 - 1864 - p153-159.

La première appellation de ce pont fut "Pont Louis XVI".
En l’année 1769, un arrêté est pris visant l’amélioration des infrastructures et l’embellissement de Paris, notamment la destruction des maisons bordant les têtes de pont sur les ponts Notre-Dame, Pont du Change, Pont Marie, et l’établissement d’un pont en vis-à-vis de la place Louis XV. Pour hâter la réalisation de ces ouvrages, le roi autorisa la ville de Paris à contracter un emprunt de 30 millions.
Perronet bâtit alors un projet d’un pont dénommé "pont Louis XVI" qui fut adjugé le 27/2/1787 pour la somme de 2993000 liv (3 050 000 F). Les travaux furent conduit par l’ingénieur Dumoustier et s’achevèrent en 1792. Selon (4), on a employé, à la construction, des pierres provenant des travaux de la Gare et des démolitions de la Bastille.
Ce pont est composé de 5 arches en arc de cercle ayant respectivement 72 (soit 25,34m), 80 (soit 28,26m) et 88 (soit 31,18m) pieds d’ouverture. La largeur du pont est de 15.6m dont 2,44m pour chaque trottoir.

Ce pont prend par la suite le nom de "Pont de la Révolution", pour finalement devenir Pont de la Concorde, semble-t-il vers 1830.

 


Extrait de (5) :

"L'édit du roi enregistré au parlement le 7 septembre1786, qui a ordonné la démolition des maisons situées sur le pont Marie, le pont au Change et le pont Saint-Michel, conformément à un ancien projet approuvé en 1769, a prescrit en même temps la construction d'un nouveau pont en face la place Louis XV.

Une ordonnance du prévôt des marchands du 23 septembre de la même année 1786, a chargé M. Perronet, architecte du roi, et ayant alors le titre de premier ingénieur des ponts et chaussées, de dresser le projet de ce nouveau pont (*).

Ce projet a été l'objet d'une adjudication passée le 27 février 1787, sur la mise à prix de 3 600 000 livres, et le sieur François Prévost, qui a fait le rabais le plus avantageux, en s'engageant à exécuter les travaux moyennant la somme de 2 993 000 livres, a été déclaré adjudicataire.

Aux termes du devis, les travaux devaient être exécutés dans le délai de cinq ans.

Voici les principales dispositions de ce grand et bel ouvrage:

Le pont est composé de cinq arches en arc de cercle reposant sur quatre piles et deux culées en maçonnerie fondées sur des plates-formes en charpente arasées à 1,95m (6 pieds) (**) au-dessous de l'étiage et reposant elles-mêmes sur des pilotis.

Les quatre premières assises posées sur ces plates-formes ont chacune 0,49m de hauteur (18 pouces), formant aussi retraite de 0,49m, ce qui donne 1,95m (6 pieds) d'empâtement au pourtour du nu des piles et des culées. A partir du dessus de la quatrième assise, c'est-à-dire du niveau de l'étiage, les piles s'élèvent d'aplomb avec une épaisseur uniforme de 2.92 m (9 pieds) et les culées avec une épaisseur de 15,59 m (48 pieds).

Les piles sont terminées par des avant et arrière-becs affectant la forme de colonnes engagées d'un quart de leur diamètre dans le corps des piles et élevées jusqu'au niveau de la corniche qui règne sur les deux têtes du pont.

Les demi-piles placées aux quatre angles du pont font également saillie des trois quarts de leur diamètre, tant sur le nu des têtes que sur celui des culées.

Perronet avait d'abord projeté pour ces piles des dispositions architectoniques semblables à celles qu'il avait appliquées au pont de Sainte-Maxence sur l'Oise, c'est-à-dire qu'au lieu d'être pleines elles devaient offrir un système de colonnes groupées, chaque pile étant composée de deux de ces groupes laissant entre eux une ouverture ou espèce de portique régnant dans toute la longueur du pont et dans le milieu de chaque pile; mais déjà de tristes prévisions agitaient les esprits, les premiers signes de la révolution commençaient à se manifester, et le conseil des ponts et chaussées jugea qu'il était prudent de supprimer tout ce qui pouvait être une cause de retard dans l'achèvement des travaux. En conséquence il fut décidé que les piles seraient pleines.

La largeur entre les têtes est de 15,59m (48 pieds) dont 9,75 (3o pieds) réservés pour la chaussée, 4,87m (15 pieds) pour les deux trottoirs et 0,97m (3 pieds) pour les parapets à balustres qui les bordent.

La largeur des arches est:

De 25,34m (78 pieds) pour celles de rive;
De 28,26m (87 pieds) pour celles adjacentes;
De 31,19m (96 pieds) pour l'arche du milieu.

Dans son projet, qui porte la date de 1786, Perronet avait donné à ces arches un surbaissement beaucoup plus grand que celui qu'il a adopté en exécution. On lit en effet dans son devis (articles 2, 3, et 4) que les arches de rive devaient avoir 6 pieds de flèche seulement pour 78 pieds de corde, celles adjacentes 8 pieds 2 pouces 2 lignes pour 87 pieds, et celle du milieu 9 pieds 2 pouces 6 lignes pour 96 pieds, c'est-à-dire que le surbaissement devait dépasser le dixième de la corde dans la plus grande arche et atteindre même le treizième dans les arches de rive.

Il faut croire que Perronet a craint les effets d'un pareil surbaissenient, puisqu'il a modifié son projet sous ce rapport, ainsi que le prouve un dessin sans date que nous avons retrouvé dans nos archives et sur lequel il a tracé les courbes de pose et celles qu'il supposait que les arches affecteraient après le décintrement. On voit en effet, d'après les cotes inscrites sur ce dessin:

1° Qu'il a baissé de 6 pouces le niveau des naissances des arches en les fixant à 17 pieds 6 pouces au-dessus de l'étiage, afin de réduire d'autant la hauteur totale du pont qui allait être augmentée par l'effet de l'accroissement de la flèche.

2° Qu'il a porté la flèche des arcs de rive à 9 pieds 9 pouces (3,17m),
celle des arches adjacentes à 12 pieds 2pouces (3,9om),
et celle de l'arche du milieu à 13 pieds 3 pouces (4,3om),

en admettant pour les premières un tassement de 15 pouces (0,40m) au décintrement, de 16 pouces (0,43m) pour les secondes et 18 pouces (0,49m) pour l'arche centrale, ce qui aurait réduit les flèches à 2,77m, 3,47m, 3,81m. L'abaissement ne paraît pas avoir été aussi considérable que Perronet l'avait supposé, puisque les flèches actuelles sont: 2,98m, 3,68m et 3,97m.

Le tassement n'aurait été en réalité que de:

0,19m (3,17-2.98) pour les arches de rive,
0,22m (3,90-3,68) pour celles adjacentes,
0,33m (4,30-3,97) pour l'arche centrale.

Le rapport de la flèche à la corde qui, dans le projet de Perronet, variait du treizième au dixième, ne dépasse pas, comme on le voit, le huitième dans l'arche la plus surbaissée.

Un journal tenu pendant l'exécution des travaux, que nous avons retrouvé dans nos archives, qui est signé de M. Dumoustier, alors ingénieur en chef, et qui porte la date du i5 octobre 1790, fait connaître que l'année 1787 a été employée à fonder la culée du côté de la place Louis XV, ainsi que la première pile de ce côté. En 1788, on a fondé l'autre culée, ainsi que la troisième et la quatrième pile.

Le 11 août de cette même année, a eu lieu la cérémonie de la pose de la première pierre, à l'occasion de laquelle une boîte renfermant une médaille d'or, deux médailles d'argent et trois médailles de bronze, a été posée dans le corps de la pile la plus rapprochée de la place Louis XV (***).

En 1789, on a fondé la dernière pile et l'on a pris les dispositions nécessaires pour la construction des cintres et des voûtes qui ont été fermées en 1790. Le journal des travaux nous apprend qu'il restait à faire à la fin de cette année
« la pose des pierres et maçonneries pour remplir les
« reins des voûtes, les avant et arrière-becs des piles et des
« culées, la pose de l'entablement, la chape générale en ci-
« ment sur toute l'étendue du pont et des culées, les trot
« toirs, le pavé du pont et de ses abords. »
Ces travaux ont été exécutés en 1791 et étaient terminés lorsque la révolution éclata.

Perronet était alors âgé de quatre-vingt-trois ans, et il mourut le 27 février 1794, dans sa quatre-vingt-sixième année.

Nous ne savons pas au juste ce qu'a coûté la construction de ce pont. L'adjudication avait été passée, comme nous l'avons dit, pour la somme de 2993000 livres; mais le journal des travaux nous apprend qu'avant leur achèvement et dès la fin de la campagne de 1790 , on prévoyait des augmentations de dépense que l'on se proposait de comprendre dans les évaluations du projet à faire pour la construction du quai Bourbon, aujourd'hui quai d'Orsay.

Le pont Louis XVI est incontestablement le plus beau pont de Paris. Il a aujourd'hui plus de soixante-dix ans d'existence, et il n'a été dépassé par aucun de ceux qui ont été construits depuis. On peut cependant regretter qu'il n'ait pas plus de largeur entre les têtes. Un jour yiendra et il n'est peut-être pas bien éloigné, où de nouveaux percements sur la rive gauche de la Seine rendront cet élargissement nécessaire.

Heureusement on pourra l'opérer sans rien changer, nous le croyons du moins, aux dispositions architecturales de ce bel ouvrage et en lui conservant le caractère monumental que lui a donné son illustre auteur. Il suffira pour cela de profiter des larges empâtements dont nous avons parlé ci-dessus et qui règnent au pourtour des piles et des culées pour transporter les têtes parallèlement à elles-mêmes, pour ainsi dire, sans avoir besoin d'établir de nouvelles fondations. On pourra par ce moyen augmenter de près de 5 mètres la largeur du pont entre les têtes et lui donner la même largeur de 20 mètres qu'au pont de Solférino.

Les ingénieurs qui auront peut-être à exécuter ce travail tiendront sans doute, comme nous y tiendrions nous-mêmes, à respecter complètement l'œuvre de Perronet en l'appropriant seulement aux nouveaux besoins de la circulation parisienne.

(*) un acte passé le 10 octobre 1787 au bureau de la Ville de Paris, et approuve par M. le baron de Breteuil, a fixé le traitement de M. Perronet à cent mille livres payables en 4ans, savoir: 5o,ooo livres pour la rédaction du projet en 5o,ooo livres pour la direction des travaux.

(**) Nous donnons les dimensions en nouvelles mesures, mais nous mettons à côté entre parenthèse les cotes inscrites dans le devis et sur les dessins de Perronet.

(***) Ces médailles représentent d'un côté le buste du Roi avec cette légende : Louis XVI, Roi de France et de Navarre, et à l'exergue: Ville de Paris; et de l'autre une perspective du pont et de la Ville avec cet exergue : Pont de Louis XVI, 1788. L'inscription suivante a été gravée sur la planche de cuivre clouée sur cette boîte:

1788. Le lundi 11 août du règne de Louis XVI.

Le Roi ayant chargé la Ville de Paris de faire en son nom la cérémonie de. la pose de la première pierre du pont de Louis XVI, cette première pierre de fondation a été posée par Messire Louis Le Peletier, Chevalier, Marquis de Montmélian, Seigneur de Mortefontaine, Plailly, Beaupré, Othis et autres lieux, Grand trésorier, Commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit, Conseiller d'État, Prévôt des Marchands; MM. J.-B. Guyot, Ecuyer, Doyen des quartiniers et ancien Juge Consul; J.-B. Dorival, Ecuyer, Avocat en Parlement, Commissaire au Châtelet; J.-B. Buffault, Chevalier de l'Ordre du Roi, son Conseiller en l'Hôtel-de-Ville; Charles-Barnabe Sageret, Ecuyer, ancien Consul ; tous quatre Echevins. Messire Dominique-L. Ethis de Corny, Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis et de l'Ordre de Cincinnatus, Avocat et Procureur du Roi ; M. Fr.-Joseph Veytard, Ecuyer, Trésorier général de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, Greffier en chef; et M. P.-Armand Vallet de Villeneuve, Ecuyer, Trésorier général de la Ville.

Ce pont exécuté sur les dessins et sous la conduite de M. J.-Rodolphe Perronet, premier Ingénieur des Ponts-et-Chaussées de France, de l'Académie royale des Sciences de Paris, de la Société royale de Londres et autres."