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Pont Neuf - Paris 

Pont Neuf - Paris - 1607

Fleuve franchi : la Seine, département : Paris, à proximité : Paris, situé Pont Neuf
Type d'ouvrage : Pont en pierre ou maçonné
Ouvrage toujours en place (2004)
Architecte(s) : Androuet du Cerceau ,.
Longueur totale : 229m , Nombre d'arches/travées : 12, Plus grande portée : 7m
Version du texte : V1.9, Niveau de fiabilité : moyen

Plan

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Références :

1 - Paris guide: par les principaux écrivains et artistes de la France - 1867 - A. Lacroix par Verboeckhoven et Cie à Bruxelles , Tome 2 - 1867 - p1419.
2 - Tableau de Paris: ouvrage illustré de quinze gents gravures - 1852 - Edmond Texier - p242.
3 - Annales des Ponts et Chaussées - 4ème série - Mémoires et Documents, Tome 8 - 1864 - p136-141.
4 - Histoire de Paris et ses monuments - 1846 - Jacques-Antoine Dulaure, Louis Batissier par Furne et Cie à Paris - p350.

Extrait de l'ouvrage (1) en référence :
"Le Pont Neuf a joué un grand rôle dans l'histoire parisienne; il a été longtemps le rendez-vous des bateleurs, saltimbanques, chanteurs publics (d'où le mot Puni-Neuf appliqué à certaines chansons). La circulation n'y a pas toujours été sans danger, pour la vie le soir, et pour la bourse en plein jour.
Les demi-lunes placées au-dessus des piles ont été pendant longtemps garnies de boutiques uniformes, construites en pierre, occupées par diverses industries, notamment par des marchands de jouets d'enfants. Il n'y a pas encore beaucoup d'années (vers 1850 ?) que, du 15 décembre au 15 janvier, le Pont-Neuf devenait le centre d'une véritable foire aux jouets. Il s'élevait alors un double rang de boutiques tout autour du terre-plein.
Le Pont-Neuf a eu aussi sa part dans les émotions politiques. Quelques-uns des premiers incidents de la Fronde s'y sont passés. En 1789, le peuple obligeait les gens qui passaient en équipage à descendre de leur voiture et à s'agenouiller devant la statue de Henri IV. Le duc d'Orléans se fit infliger cette génuflexion. En 1792, la statue fut renversée et envoyée à la fonderie pour l'aire des canons contre l'étranger, destination que le Béarnais n'eût peut-être pas répudiée. A la place, on éleva un amphithéâtre d'enrôlements volontaires, et plus tard on y mit le canon d'alarme qui y resta plusieurs années. Louis XVIII rentrant à Paris, en 1814, suivit triomphalement une partie du Pont-Neuf pour se rendre à Notre-Dame, escorté par les bataillons, mornes et irrités, de l'ex-garde impériale. La même année, on y rétablit une statue de Henri IV, mais en plâtre, et qui fut remplacée, en 1818, par une autre statue, œuvre du sculpteur Lemot.
Quelques étymologistes prétendent que le Pont-Neuf tire son nom de ce qu'il a neuf issues, trois au centre et trois à chacun de ses extrémités. Plus probablement il a été appelé neuf, à son origine, parce qu'en effet il était alors le plus neuf des ponts de Paris.
Le Pont-Neuf a été plusieurs fois restauré, réparé, modifié; on en a abaissé la chaussée à diverses époques, notamment en 1852, comme l'indique la gravure ci-dessous.

Ce pont est divisé, par la pointe de la Cité, en deux sections; celle du nord a sept arches, celle du sud n'en a que cinq. La longueur totale du pont est de 229.41m, et la largeur de 23.1m."

Il est aussi à noter que de 1608 à 1813, une pompe publique fut adossée au pont neuf. Cette construction est à l'initiative du roi Henri IV, sur proposition d'un flammand Jean Lindlaër (selon (4)).

L'extrait suivant issu de (3), écrit en 1864, nous donne de nombreux détails techniques :

"Le pont Neuf a été commencé sous le règne de Henri III, dont les lettres patentes portent la date du 16 mars 1578, et qui a posé la première pierre le 31 mai suivant en présence de la reine-mère, Catherine de Médicis, de la reine Louise de Lorraine et de plusieurs seigneurs de la Cour (*).

Androuet du Cerceau, célèbre architecte de ce temps fut chargé de la direction des travaux.

Les guerres civiles auxquelles la France était alors livrée firent suspendre ce grand travail. Les piles du pont situé sur le grand bras de la Seine furent élevées jusqu'à fleur d'eau seulement. Le pont sur le petit bras fut assez avancé pour que l'on pût à l'aide de poutres et de planchers communiquer, pendant l'interruption des travaux, du quai des Grands-Augustins dans l'île du Palais en passant sur les arches qui n'étaient pas encore complètement achevées.

Lorsque Henri IV fut devenu paisible possesseur du royaume, il ordonna la reprise de ce grand travail dont la conduite fut confiée à Guillaume Marchand et qui fut définitivement terminé en 1604.

La longueur du pont Neuf est de 232,88m divisée en deux parties; la première de 148,32m est composée de sept arches comprises entre le quai de la Mégisserie et celui de l'Horloge; la seconde de 84,56m est composée de cinq arches comprises entre le quai des Orfèvres et celui des Grands Augustins. Ces deux parties sont séparées par un terreplein qui forme la pointe occidentale de l'île du Palais ou de la Cité, terre-plein au centre duquel est placée la statue équestre de Henri IV. Celle qui existe aujourd'hui a été posée en 1818 en remplacement de l'ancienne statue qui avait été élevée à cette même place en 1635 par le roi Louis XIII en l'honneur de son illustre père et qui a subsisté jusqu'à l'époque de la révolution.

Les arches sont à peu près en plein-cintre et légèrement obliques sur les têtes, leur largeur n'est pas la même en amont et en aval, la plus grande sur le grand bras a 19,53m en amont et 19,41m en aval; sur le petit bras, la plus grande a 15,16m en amont et 15,94m en aval.

La largeur entre les têtes est de 21,35m sur le grand bras et de 21,65m sur le petit. Les têtes d'un même côté ne se trouvent pas exactement dans le prolongement l'une de l'autre, de sorte que la bordure du terre-plein forme une ligne brisée entre le quai des Grands-Augustins et celui de la Mégisserie.

C'est une disposition qui ne s'explique pas et qui pourrait bien être le résultat d'une erreur de la part des architectes qui ont fait le tracé primitif du pont.

La largeur entre les parapets, est de 20 mètres partagée entre une chaussée de 11 mètres et deux trottoirs en granit de 4,50m chacune.

Les piles sont couronnées d'hémicycles dans lesquels on se rappelle encore avoir vu des boutiques de la plus chétive apparence qui ont disparu en 1855.

L'établissement de ces boutiques, était bien postérieur à la construction du pont et n'entrait certainement pas dans le plan de l'architecte qui l'a bâti, car de 1604 à 1685, c'est-à-dire pendant près d'un siècle ces hémicycles restèrent vides.

En 1685 seulement, les grands valets de pied du roi obtinrent l'autorisation d'y placer des boutiques volantes et des étaux qui envahirent par la suite une partie des trottoirs et devinrent une cause de gêne pour la circulation des piétons. Aussi, le 3 avril 1756, il intervint un arrêt du conseil qui ordonna la suppression de ces étalages, mais le 26 février 1769, un mémoire fut présenté à Louis XV, dans lequel on signalait l'extrême malpropreté des renfoncements circulaires du pont Neuf et où l'on proposait, pour remédier àcet inconvénient, et venir en même temps au secours de l'académie de peinture dite de Saint-Luc, d'octroyer à cette académie l'autorisation d'y établir des boutiques, ce qui lui fut accordé le 14 mai suivant.

Cependant, il paraît que cette académie ne se trouva pas en mesure de profiter immédiatement de cette faveur; car les boutiques telles qu'on les a vues jusqu'en i855, ne furent commencées qu'en 1775 et terminées en 1776. C'est donc 172 ans après son achèvement, que ce beau monument a été défiguré par les affreuses constructions qui heureusement n'existent plus aujourd'hui.

En 1789, les biens de mainmorte ayant été supprimés, ces boutiques devinrent propriété nationale et furent comme telles mises en vente quelques années après. Une seule trouva acquéreur et fut adjugée le 8 nivôse an VI à un sieur Pavy, moyennant 75 000 francs en assignats.

Une loi du 9 septembre 1807, ayant constitué le domaine des hospices de Paris, lui attribua les dix-neuf boutiques du pont Neuf restées propriété nationale.

Telle est l'origine des droits qui obligèrent l'état et la ville de Paris à payer en 1854 et 1855 à l'administrationde l'assistance publique, une somme de 360 000 francs pour les dix-neuf boutiques qui lui avaient été données en 1807, et une somme de 48 000 francs allouée par le jury d'expropriation à un sieur Lafeuillade, substitué aux droits du sieur Pavy pour la boutique achetée par ce dernier en l'an VI.

Le pont Neuf a subsisté dans son état primitif, sauf l'addition de ces boutiques, jusqu'à la fin du siècle dernier. Quelques réparations assez importantes paraissent avoir été faites sous le règne de Louis XVI; mais à partir de cette époque son entretien fut entièrement négligé et quoiqu'on n'eût à concevoir aucune inquiétude sur la solidité de cet ouvrage, il avait en 1830 l'apparence d'une véritable ruine.

Après la révolution de juillet, la nécessité de donner du travail aux ouvriers imprima une vive impulsion aux travaux publics dans Paris; on s'occupa alors du pont Neuf, et l'on commença naturellement par la reprise en sous-œuvre des piles; mais le travail s'arrêta là et toute la partie supérieure resta dans son état de vétusté jusqu'en 1848, époque à laquelle la même cause reproduisant les mêmes effets, la restauration de ce grand ouvrage fut de nouveau proposée par les ingénieurs et résolue par l'administration.

On ne se borna pas cette fois, à une simple reprise en sous-œuvre, et on décida qu'en conservant aux arches une hauteur suffisante pour le passage des bateaux, elles seraient baissées de manière à adoucir les pentes sur le pont et aux abords en les mettant plus en rapport avec les besoins d'une circulation toujours croissante (**).

Le projet, approuvé le 17 juillet 1848 par M. le ministre des travaux publics, évaluait la dépense à 1 715 000 francs.

Les travaux commencés dans le cours de cette même année, n'ont été terminés qu'en 1855.

La circulation que l'on ne pouvait pas songer à interrompre a été maintenue pendant les quatre années qu'ont duré les travaux de reprise des voûtes, parce qu'on avait établi sur les têtes du pont des échafaudages et des chemins de service qui permettaient l'apport des matériaux à pied d'œuvre sans passer par la voie publique. Cette circulation a été seulement un peu resserrée pendant la construction des trottoirs et de la chaussée parce qu'on a dû limiter le passage libre à la moitié de la largeur du pont sur toute sa longueur; mais elle n'a pas été interrompue complètement un seul jour. C'était un problème assez difficile à résoudre que celui qui consistait à concilier l'exécution de travaux de longue haleine, avec le maintien d'une circulation aussi importante, et l'on peut dire qu'il a été heureusement résolu.

Le pont Neuf a donc reçu à cette époque une enveloppe entièrement neuve, car non-seulement les douelles des voûtes ont été complètement refaites, mais aussi les parements des têtes, la corniche et les parapets.

En exécutant tous ces travaux, on a eu soin de conserver à ce grand ouvrage son architecture primitive et on ne l'a modifié que sous le rapport de l'amélioration de la voie publique, et l'adoucissement des pentes. On a baissé les trottoirs qui étaient élevés au-dessus de la chaussée et l'on a établi à la rencontre des quais de larges pans coupés qui offrent des dégagements précieux et donnent la plus grande facilité de circulation.

On a rétabli l'ancienne corniche dont les mascarons, attribués à Germain Pillon, ont été fidèlement copiés par d'habiles sculpteurs et afin de rendre au monument son caractère primitif, on a supprimé les boutiques en plaçant dans les hémicycles' des bancs en pierre faisant corps avec les parapets, et de chaque côté desquels se trouvent des candélabres qui projettent une vive lumière sur la chaussée et les trottoirs. C'est une amélioration qui a coûté cher sans doute, mais il n'est pas possible de regretter les 440 000 Fr qu'il a fallu payer quand on compare l'aspect actuel du pont Neuf à celui qu'il avait il y a vingt ans.

Les travaux de restauration et d'amélioration proprement dits , ont coûté          1 686 779,03
Les indemnités se sont élevées à ….                                                                       440 000,00

Total :         2 126 779,03

Cette somme a été partagée par moitié entre l'état et la ville de Paris.

(*) On lit dans le Recueil du R. P. F. Jacques Dubreuil sur les antiquités de Paris:

« Le samedi dernier de mai en l'an 1578, la première pierre de la première pile du pont Neuf du côté des Augustins et Hôtel de Nevers fut assise en présence du Roi, des deux Reines ses mère et épouse, de M. le duc de Nevers et autres princes, seigneurs et dames de la Cour. Et sous ladite pierre furent mises des pièces d'argent et de cuivre doré pesant environ 3 ou U testons sur lesquels étaient gravés les portraits du Roi et desdites Reines.

Ladite pierre étant assise, on représenta au Roi une truelle d'argent avec laquelle il prit du mortier et un plat aussi d'argent, et le jeta sous ladite pierre, sur laquelle étaient gravés trois écussons aux armes de France, de Pologne et desdites Reines.

(**) Cette circulation était déjà en 1842 de 80 000 piétons et 10 000 chevaux par 24 heures. Elle est plus que doublée aujourd’hui (1864).

"
On attribue à Germain Pilon les mascarons qui supportent la console extérieure au-dessus des arches."

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