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Pont de Poissy avec arche métallique 

Pont de Poissy avec arche métallique - 1849

Fleuve franchi : la Seine, département : Yvelines, à proximité : Poissy, situé Vieux pont de Poissy
Type d'ouvrage : Pont mixte pierre, charpente et métallique
Nombre d'arches/travées : 24, Plus grande portée : 32m
Version du texte : V1.0, Niveau de fiabilité : moyen

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Références :

1 - Guide du voyageur sur les bateaux à vapeur de Paris au Havre - 1841 par Aubert, Lavigne à Paris - p131.
2 - La Normandie - 1867 - Adolphe Joanne par Hachette à Paris - p3.
3 - Traité de la construction des ponts - M. Gauthey (1732-1807) par M. Navier, Tome 1 - 1843 - p136.
4 - Histoire de la ville de Poissy depuis ses origines jusqu'à nos jours - 1869 - Octave Noël par Marchand, libraire à Poissy - p157-164.
5 - Les Inondations en France depuis le VIème siècle jusqu'à nos jours - - Maurice Champion par Dunod Editeur à Paris, Tome 2 - 1859 - pXXXIII.
6 - Statistique de la France - 1855 - Ministère de l'Agriculture par Imprimerie Impériale à Paris - p59.

Le pont à Poissy sur la Seine intervient dans l'histoire à de nombreuses reprises : la première construction semble dater de Louis IX, et qu'il a été pendant longtemps un des ponts les plus majestueux de France. Mayenne fit rompre trois des arches du pont pour protéger sa fuite en 1589. Nous savons aussi, sur la base des lettres patentes publiées en (5), que le pont a été reconstruit en 1658, par le Seigneur de Maisons, Sieur de Longueil, président du Parlement, échange d'un péage pendant 29 ans, fixé dans ces lettres.

Selon (3), le pont était  constitué au début du XIXème siècle de 37 arches de pierre de 1.9 à 16.2m d'ouverture, pour une ouverture cumulée de 287m !

Il portait en son milieu un fort "assez solidement edifié" qui était sensé défendre la ville.
L'ouvrage (1) mentionne brièvement l'état du pont de Poissy tel qu'il se présentait en 1841 : le pont est couvert de moulins à farine et de filet de pêche ! Par ailleurs selon (2) en 1867, ce même pont ne comporte plus que 24 arches, dont 18 en pierre, 5 en bois et 1 en fonte!

La carte de Poissy (1869) reproduite en superposition de la carte actuelle (4) nous montre que l'emplacement du pont était situé légèrement en aval du pont actuel et s'appuyait sur les îles présentes à cet endroit.

Voici un extrait de cet ouvrage (4) consacré au pont de Poissy :

"Le pont de Poissy semble remonter à l'époque carolingienne, ainsi que le prouveraient sa lourde et solide structure gallo-romaine, ses bases puissantes et quelques armes et monnaies retrouvées naguère dans ses fondations.

Dans l'origine, la Seine s'étalait dans un lit très-étendu , sans digues et sans rives; le pont était d'une longueur double de celle de nos jours. Ses extrémités touchaient d'un côté la route qui conduit à Triel, et de l'autre atteignaient la rue de la Tannerie.

Il y a quelques années, en faisant des travaux pour la construction ou la réparation d'une maison à l'angle de cette rue, on retrouva les piles d'une arche ayant jadis appartenu au pont.

Le fleuve, à une certaine époque, côtoyait donc l'église Notre-Dame: nous avons connu plusieurs vieillards, aujourd'hui descendus dans la tombe, qui se rappelaient avoir vu dans leur enfance les eaux de la Seine couler librement dans tout l'espace occupé aujourd'hui par la rue Jacob-Courant, et lieux circonvoisins. Depuis quelques années, des travaux de terrassement opérés, tant pour l'établissement de la voie ferrée que pour la construction de nouvelles rues et l'embellissement de Poissy, ont resserré le lit de la Seine et rendu plus régulier son cours.

Le pont de Poissy a pris une part très active à tout ce qui concerne la vie nationale de notre cité. Il a vu passer au IXe siècle, sous ses arches moussues, ces audacieux et fiers aventuriers du Nord, qui portèrent sur des barques légères la désolation et la terreur sous les murs de Paris[1]. Plus tard, après avoir livré passage tantôt à l'armée française, tantôt aux ennemis pendant l'invasion anglaise, il soutint plusieurs assauts et vit une de ses arches rompue pour arrêter les envahisseurs. Au XVIème siècle, pendant ces terribles guerres civiles causées par les sectes religieuses, le pont de Poissy fut le siège de combats brillants et acharnés, et deux de ses arches en pierre furent détruites avec la mine, par les ordres du duc de Mayenne, qui voulait, après sa défaite, empêcher l'armée royale de le poursuivre.

Ces arches furent rétablies en charpente et existent encore aujourd'hui.

Au XIVème siècle, le pont de Poissy était un des ponts les plus beaux et les plus étendus du Moyen Age: il était composé d'un grand nombre d'arches, portant chacune un nom différent. Bien qu'il ait été de beaucoup diminué, par suite des travaux d'endiguement opérés par les habitants, il reste encore un monument remarquable des premiers âges, tant pour sa solidité que pour sa structure et sa longueur. 11 compte actuellement vingt-trois arches, dont dix-sept en pierre, une en fonte, et cinq en bois[2].

Au milieu du pont existent plusieurs moulins mus par la Seine, et dont la plupart sont modernes[3]. Un d'entre eux cependant a été construit par les ordres de la reine Blanche, mère de saint Louis, en 1230.

Une anecdote se rattache à ce moulin. Avant d'exister à l'endroit où nous le voyons aujourd'hui, il était placé près du pont et de l'église Notre-Dame, à l'endroit où passe la rue de la Tannerie actuelle.

Pendant le séjour de Blanche de Castille à Poissy, le tic-tac continuel du moulin incommodant la princesse, elle fit venir vers elle le propriétaire, et lui proposa en échange de son moulin de lui en faire construire un autre sur le pont. Le meunier répondit qu'il n'avait rien à refuser à la reine. La princesse remplit son engagement; le nouveau moulin, placé à un endroit où le courant était plus vif et les eaux toujours hautes, ne vit pas de chômages et donna à son heureux propriétaire une rapide et douce aisance. Telle est l'origine de ce petit bâtiment. Ala suite des pillages qui désolèrent Poissy, ce moulin fut, comme le reste, dégradé, puis réparé, et enfin, en 1850, reconstruit presque en entier, ainsi que le porte une inscription tracée à son fronton.

Les bateaux et marchandises qui passaient autrefois sous le pont, payaient un droit, dont les neuf dixièmes appartenaient au roi comme propriétaire du domaine de Poissy, et plus tard aux seigneurs de cette ville, quand la châtellenie eut été aliénée. L'autre dixième avait été accordé par le roi Philippe Ier, en 1061, au chapitre de Notre-Dame de Poissy. Louis XI, en 1463 (septembre), confirma cette donation, et le chapitre en demeura paisible possesseur.

En 1739, l'arche principale du pont de Poissy menaçant d'une ruine prochaine, le monastère royal proposa d'établir sur la Seine, au port même, un service de bacs et de bateaux nécessaires pour le commerce et la commodité du public pendant tout le temps que le passage serait interdit.

Le conseil du roi, réuni le 3 février de la même année, accepta ces propositions.

A cette époque, Louis XV rendit deux arrêtsimportants. Comme on percevait le péage sur toutes sortes de marchandises, même sur les blés; que pour l'exiger il suffisait que ces marchandises fussent déchargées à Poissy et que d'ailleurs il était levé quelquefois par deux fermiers différents, le roi, après l'audition de son conseil, rendit des arrêts sur les marchandises diverses qui passeraient au-dessus ou au-dessous du pont de cette ville. Les blés, grains, farines et légumes verts ou secs étaient exempts de tous droits, et les taxes devaient être perçues à l'avenir par un seul et même receveur ou fermier.

Il existait autrefois, vers le milieu du pont de Poissy, un fort assez solidement édifié qui défendait l'entrée de la ville. Nous ne saurions dire quelle a été l'origine de cette fortification et à quelle époque elle remonte; nous serions tenté de croire cependant qu'elle fut construite dans le même temps que les murailles de Poissy, après la promulgation de la charte qui donnait le droit de commune à cette ville M221).

Nous avons vu dans le cours de cette histoire quelles furent les péripéties de ce fort, qui eut à combattre tour à tour les Anglais, les Français, les ligueurs et les royalistes, et dont les murs,souvent ébréchés par les machines de guerre et l'artillerie, servirent de remparts aux vaillants bourgeois de notre cité.

En 1849, on construisit la nouvelle arche principale en fer, et dans les fondations on trouva un sabre et des médailles de forme très-ancienne. L'ancienne arche fut alors abandonnée.

Le pont de Poissy, cité autrefois comme une merveille[4], est encore de nos jours une construction remarquable et digne de curiosité. Quoique notablement diminué, il est encore d'une longueur respectable et relie Poissy à laroute qui conduit à Triel. Les arches, battues continuellement par les flots, semblent défier le temps, et la Seine caressera longtemps encore la base inébranlable du colosse sans faire osciller une seule de ses pierres.

 

 

[1] En 863, Charles le Chauve, accouru à Poissy pour empêcher les Normands d'y entrer, construisit gur le pont deux tours où il mit garnison

[2] Sur ces 23 arches, quatorze seulement en pierre et une en fonte sont sur la Seine.

[3] Un de ces moulins vient d'être la proie d'un vaste incendie, dans la nuit du 2 au 3 novembre 1869

[4] De nombreuses gravures de ce pont ont été faites, et au bas de l'une d'elles on trouve ces vers attribués à J. Sylvestre:

Que l'art est industrieux
Dans les grands dessains qu'il tante;
Et qu'en deceuant les yeux
L'ame se trouve contante.

Je connoy cette cité,
Et j'y voy les belles marques
De l'illustre piété
Du plus sainct de nos monarques.

Que ce pont rustique est beau!
Que le graveur eut d'adresse !
D'en bastir un en l'eau,
Malgré sa délicatesse.

Car ainsi qu'en un miroir,
Cette image vagabonde,
Faict que nostre œil en peut voir
L'un en l'air, et l'autre en l'onde."