Chantiers de la Buire - 1847

Contributeurs(s) : J. Frossard de Saugy - Augustin Seguin - René de Prandières -.
Compagnie(s) : Sté des Chantiers de la Buire -

Synthèse

D'après "Lyon 1900, au temps des années folles"de Marie-Louise Louvicourt et Jean Lazare, aux éditions des 4 seigneurs, Octobre 1980, complété quelques informations issues du "Cahiers du Millénaire : Le Rhône, la ville, l'usine par Didier CAZELLES, historien des sciences".

Les chantiers de la Buire sont une entreprise singulière de Lyon. J. Frossard de Saugy en établit les "fondations" en 1847, à Lyon dans le quartier de la Buire, dans le 3ème arrondissement. Plus précisément, nous pouvons situer leur emplacement, relativement à l'implantation urbaine de Lyon début 2000, à l’entrée sud de la Part-Dieu, au croisement de l’avenue Félix Faure et du boulevard Vivier-Merle.
Cette entreprise fut pendant trois quarts de siècle l'une des entreprise industrielles les plus importantes de Lyon, et ses activités étaient très nombreuses. Voici retracées son histoire et ses principales activités:

L'entreprise se spécialise initialement dans la construction de matériels roulants, pour le chemin de fer. Entre 1857 et 1867, ce sont environ 700 wagons qui sortent chaque année de ses usines. Les Chantiers acquièrent alors une renommée dépassant largement les limites du territoire français. En 1866, Augustin Seguin rejoint la société en tant que directeur. En 1867, les >frères Mangini (Félix et Lucien) s'associent à Augustin Seguin, leur beau-frère, pour fabriquer une partie du matériel roulant nécessaire à leurs projets ferroviaires. Selon nos sources, l'entreprise emploie alors 1650 personnes !

En 1867, Emile Plasson, qui exploite déjà une ligne de bateaux-omnibus entre La Mulatière et Vaise, obtient le marché de la desserte de Paris par bateaux et commande aux Chantiers de La Buire 30 bâtiments qui devront gagner Paris par voie d'eau.

En 1880, les Chantiers de la Buire deviennent partie de la Compagnie des Fonderies et Forges de l'Horme, suite à une baisse significative de l'activité ferroviaire. Une diversification est tentée dans la fabrication de métiers à tisser ou de matériels pour les travaux publics.

En 1887, ces mêmes chantiers produisent l'équatorial Coudé de l'Observatoire de Lyon. Sa conception robuste en fait le seul rescapé de cette époque toujours en place.

En février 1890, Auguste Seguin et René de Prandières se passionnent pour le tricycle à vapeur. Serge Serpollet, ingénieur, parcours alors Paris-Lyon avec un engin de son invention (ce sera le premier voyage "automobile" sur ce trajet, effectué alors en une dizaine de jours). L'objet de cette rencontre est la signature d'un contrat entre les Chantiers de la Buire et l'ingénieur Léon Serpollet pour la construction sous licence du tricycle à vapeur. Le même Serpollet avait aussi un accord pour un objet similaire avec la Famille Peugeot. Serpollet utilisa l'engin de Seguin et Prandières pour réaliser un aller retour de Lyon à Culoz sans problème avec, à ses côtés, Pilain, qui deviendra l'un des principaux constructeurs d'automobiles en 1900 à Lyon.

En 1895, la création de la Société Nouvelle des Établissements de l'Horme et de La Buire profite alors du renouveau du marché ferroviaire : elle produit de nouveau 25 wagons par jour. Toutefois profitant de l'expérience passée, la recherche d'autres activités reste prioritaire.

La firme rachetée à son tour en 1897, devient Alioth Buire (?), produit aussi des moteurs électriques (électromoteur), des moteurs pour métiers à tisser, et du matériel de transport.

Simultanément des trains routiers Scotte sont fabriqués, ainsi que des moteurs à gaz sous licence Delamare-Deboutteville et Malandin, et les Chantiers prennent progressivement conscience de l'avenir de la voiture sans chevaux. Progressivement ces derniers vont se faire un nom dans le marché automobile naissant, se positionnant en proposant des voitures d'une finition, d'un rendement et d'une fiabilité irréprochables, alliant conservatisme et innovations. La Société Anonyme des Automobiles La Buire est ainsi officiellement née le 6 mai 1905. A cette même date, Lyon compte six entreprises de construction automobile : Berliet, Pilain, Mieusset, Rochet-Schneider, La buire et Luc Court, qui à elles toutes produisent 900 voitures dans l'année.

Les Chantiers de la Buire se présentent alors sous la forme d'un complexe géant : ils s'étendent sur dix hectares, reliés directement à la gare de la Part-Dieu, avec un triage de 16 km de voies ferrées. Deux super trains leur sont commandés respectivement pour le Roi d'Italie et pour l'Empereur de Chine. Ses clients sont la Compagnie Internationale des Wagons-Lits et les Grands Express Européens.

En 1906, les Chantiers sortent les premiers véhicules automoteurs électriques, les premières locomotives électriques, que le PLM utilisera sur la ligne Le Fayet - Chamonix. Ils produisent aussi par les usines proches de la Mulatière, des ponts à bascule, et un grand nombre de matériels ferroviaires destinés à plus de 150 pays : locomotives, wagons, appareils de pesage, système de commande d'aiguillage, serrures de portières de wagons, ...;

Ils entrent aussi dans le marché de la machine à tisser en produisant avec succès une machine mécanisé issu de Laërson et Wilke, une machine à teinter, inventée par Corron.

A noter qu'en 1907, la Compagnie Électro Mécanique (représentant à cette époque les établissements Brown Broweri) est établie à cette même époque au 6 Place de la Buire à Lyon !