Références :
information tirée notamment de "Anne Dangar et Moly Sabata - Les sources chez Albert Gleizes" d'André Dubois et des livres Anne Dangar - Lettres à la pierre qui vire et du livre de Jacqueline Lerat Jacqueline Lerat - Anne Dangar )
"La vie d'Anne Dangar fut son apostolat; il y avait de la sainteté en elle. Sa maladie, sa conversion, sa mort, en apportent les preuves. Un jour il faudra publier ses lettres. Elle fut potier, mais on s'apercevra que son métier, son art ne fut qu'un moyen; pas une fin. Sa fin fut sa personne vivante, son être humain ..."
Albert Gleizes en 1952.
Anne Dangar fut l'âme de Moly-Sabata, où elle demeura 20 ans durant (1930 - 1951), potière, peintre, d'une telle humilité mais aussi d'un telle force qu'elle conquit naturellement le cœur de tous les Sablonnais. Elle était connue de tous ceux-là sous le pseudonyme de "Miss Dangar".
Sa vie
Malgré tout, sa soif d'apprendre et la première révélation en 1924, de Cézanne, pour l"Art Moderne" l'encouragent à préparer un voyage pour Paris. Elle s'y décide en Août 1926, un voyage qu'elle prépare avec Grace Crowley, son amie, qui avait déjà travaillé pour André Lhote.
Elle consacre trois ans à cet apprentissage : à Paris à l'Académie de Montparnasse elle suit les cours d'André Lhote , à l'égard duquel elle témoigna d'une gratitude réelle; chez Bernier à Viroflay (1927-1928) elle s'initie à la poterie. C'est à ce moment là qu'elle rencontre Suzanne Alexandre avec laquelle elle construira une relation d'amitié solide et durable.
C'est curieusement après son retour en Australie qu'elle découvre réellement Albert Gleizes par la lecture de "La peinture et ses lois" que lui prête son amie Grace Crowley et trois tableaux du peintre. Elle prit conscience que là, était sa véritable voie, et elle s'est tournée vers Gleizes dans un véritable élan de foi dont toute sa vie, par la suite, a été le prolongement et comme la conséquence.
Après quelques échanges très brefs avec A. Gleizes elle se décide à le rejoindre. Elle quitte alors l'Australie, son poste important à l'Ecole d'Art de Sydney ainsi que son cours privé de 23 élèves. Elle part et arrive à Moly le 18 Mars 1930. Elle venait apprendre la peinture. Mais sachant qu'elle avait suivi des études de poterie à Paris, Robert Pouyaud qui l'accueillit à Moly la mit en contact avec les potiers Nicholas de Saint Désirat (Ardèche, à 5 km de Sablons, sur l'autre rive du Rhône).
C'est le début d'une vie de renoncement. Elle avait quitté son pays, sa famille, abandonné sa situation. Elle abandonnera aussi la peinture. Elle se donna à sa vie nouvelle, dure et difficile, dans un dénuement parfois proche de la misère.
Elle travailla en perfectionnement à la poterie des Chals à Roussillon (38), ainsi que chez les Nicholas, potiers à Saint Désirat (07). Mais c'est principalement avec le potier Bert à Roussillon qu'elle travaille régulièrement, parcourant à bicyclette ou à pieds les 15 km les séparant.
Il est à noter que le pays de Nord-Isère est célèbre depuis les temps romains pour sa glaise. De nombreuses poteries y ont vu le jour dont certaines toujours en activité depuis la fin du XVIIIème siècle. Une exposition leur est d'ailleurs consacrée au Musée Dauphinois de Grenoble, du 14/10/2001 au 26/5/2002
L'absence de four à Moly la contraint fortement, et elle mettra toute son énergie à la construction de son propre four, projet qu'elle réalisera en 1947, y investissant toutes ses économies (100 000 Francs). Bien que la mise au point du four fut longue et délicate, elle lui procura une fierté et une plus grande liberté dans la conception de ses oeuvres. Anne Dangar avait de grandes ambitions pour Moly-Sabata et elle voyait ce lourd investissement comme un pas essentiel vers ce grand dessein.
Avec l'Atelier du Rhône de Moly qu'elle mit en place dès 1931, elle dispensa aussi aux enfants de Serrières et Sablons un enseignement artistique comme peu de villages en France, à cette époque, en ont sans doute bénéficié. Elle developpa à cette occasion des méthodes vraiment novatrices, souvent en écart avec celles traditionnelles de l'Education Nationale. En l'occurence, elle avait parfaitement intégré les principes du cubisme, et avait bien compris ses relations avec l'art populaire. Son sens pédagogique fit le reste.
Elle eut aussi l'occasion d'être monitrice au Maroc en 1939, 6 mois durant, duquel elle revint avec une nouvelle source d'inspiration : les motifs et méthodes nord-africaines.
Elle restera fidèle au choix fait en 1930 soit vingt et un ans durant jusqu'à sa mort. Son oeuvre fut d'une telle discrétion qu'elle est aujourd'hui inconnue du public. Et pourtant tant la vie que l'œuvre d'Anne Dangar méritent vraiment notre plus grand intérêt.
Elle s'investit aussi très en profondeur dans le domaine religieux, et son baptême catholique, suivi de sa première communion, le 3 Mars 1951 (soit quelques mois avant son décès), sont certainement une étape essentielle de son cheminement.
Anne Dangar est décédée le 4 Septembre 1951, à Sablons.
Elle reste, dans l'univers de la Céramique, une artiste à forte personnalité qui a certainement ouvert, à sa manière des perspectives nouvelles aux générations suivantes.
Voir Musée National de céramique. Lettre à l'occasion de l'exposition "L'art de la terre vernissée en France du Moyen-Age à l'an 2000 - 1° Octobre 1999 - 10 Janvier 2000.
Braque dira des travaux d'Anne Dangar : "je sentais sous mes doigts la main de l'artisan imprimé dans l'objet".
Son oeuvre
Voir la page spécifique consacrée à son oeuvre
Ses écrits
-
Le renouveau de la poterie
Editions Zodiaque n° 8, avril 1952 -
Un article d'Anne Dangar, sur la poterie
dans le n° 1 de L'Atelier de la Rose (sans date). -
Anne Dangar - Lettres à la pierre qui vire
Visage et Documents 1 - Zodiaque - 1972
préface de Dom Angelico Surchamp.
Bibliographie
-
Anne Dangar et Moly Sabata - Les sources chez Albert Gleizes
par André Dubois - Edition originale 1971 - Réédité par Association des Amis d'Albert Gleizes, 1997 puis réimprimé 1998. Disponible actuellement (2001) au Musée des beaux arts à Lyon à l'occasion de l'exposition "Le cubisme en Majesté" -
La Belle journée est passée
Zodiaque, n° 25, avril 1955. .Moly-Sabata, Collection Atelier de la Rose, 1955. -
Les Evasions d'Olivier Trickmansholm
Seuphor, Michel, Paris. -
Albert Gleizes. Le cubisme en majesté (p.208-209)
Réunion des Musées Nationaux
Sous la direction de Christian Briend
Un volume de 240 pages - 23,5 x 29,5 cm - Broché - 200 illustrations couleur
Parution le 30 avril 2001 -
Anne Dangar - 20 après.
Revue Zodiaque N° 91 - Janvier 1972
Order in line -
Jacqueline Lerat - Anne Dangar
par Jacqueline Lerat - Argile éditions, 1999 - ISBN 2-909758-13-3 -
The Promise of The Rainbow: Anne Dangar At Moly-Sabata 1930-51
Department of Art History and Theory, University of Sydney (Australia) - Year Degree Awarded
Oct. 1998 Bruce Adams -
Rustic Cubism: Anne Dangar and the Art Colony at Moly-Sabata
par Bruce Adams
Commandez en ligneÉditeur : University of Chicago Press (juillet 2004)
Format : Relié - 144 pages, ISBN : 0226005321 -
Earth, Fire, Water, Air - Anne Dangar’s Letters to Grace Crowley, 1930-1951
Author: Dr Helen Topliss, Melbourne art historian
Publisher: Allen & Unwin (Australia,September 2000)
ISBN:1865082414 - Dimensions: 230X152 -Illustrations: 21 img col , 11 img n/b,
Commandez en ligneIn 1930, aged 43, the Kempsey born artist, Anne Dangar left Australia permanently to settle in central France. She was besotted by the academic cubism of Albert Gleizes and she attached herself to his artistic colony in rural Sablons. Anne Dangar devoted herself to Gleize’s teachings, enduring hardship and neglect for the rest of her expatriate life.
The pottery that she established in 1948, and the correspondence she maintained with her Sydney colleague, Grace Cowley, were almost her sole consolations. Dangar’s letters to Crowley have now been published, edited by the Melbourne art historian, Dr Helen Topliss. They reveal the loneliness of a life lived selflessly and for art.
En 1930, Anne Dangar, artiste née à Kempsey, quitta de façon définitive l'Australie pour s'installer en France. Elle était fascinée par le cubisme "académique" d'Albert Gleizes, et elle rejoignit la communauté artistique qu'il avait fondé à Sablons - commune rurale de France. Elle se consacra totalement à l'application des enseignements de Gleizes, affrontant privation et pauvreté pour le reste de sa vie d'expatriée.
Le four de poterie qu'elle construisit en 1948, et sa correspondance avec sa collègue Australienne Grace Crowley, furent presque ses seules consolations. Les lettres d'Anne Dangar à Grace Crowley sont désormais publiée, éditées par le docteur d'histoire de lart de Melbourne Helen Topliss. Elles révèlent la solitude d'une vie totalement dévouée à l'art. -
A Portrait of Anne Dangar
Maxwell, Helen, Art and Australia, vol. 26, no. 3, Autumn, 1989, 419-421.